Communiqué de presse

 

Pour diffusion immédiate

 

 

Recours collectif : l’hôpital Rivière-des-Prairies a rendez-vous avec l’Histoire

 

 

Montréal,  mercredi, le 8 novembre 2000 – Une requête pour autorisation d’exercer un recours collectif, qui pourrait se composer de plus de 500 personnes, a été déposée ce matin à la Cour Supérieure du district de Montréal contre l’hôpital Rivière-des-Prairies (HRDP).  Le recours collectif contre l’hôpital Rivière-des-Prairies s’exerce pour Mme Françoise Kelly-Desgroseilliers, représentée par Mme Monique Desgroseilliers en qualité de curatrice, et pour toutes les personnes usagères de l’HRDP, tant celles admises que celles inscrites pour la période de janvier 1985 à aujourd’hui. 

 

L’hôpital doit être déclaré responsable des dommages subis par les membres du groupe cité précédemment et condamné à payer à chacun de ces membres tous les dommages subis par ces derniers, incluant les dommages exemplaires, les dites réclamations se chiffrant pour le moment à 40 000 $ à titre de dommages non pécuniaires et à 15 000 $ à titre de dommages exemplaires sous réserve des droits de chaque membre du groupe de réclamer des dommages intérêts supplémentaires en cas d’atteinte plus grave. La facture pourrait donc s’élever à près de 30 millions de dollars.

 

Les requérants poursuivent quatre (4) objectifs :

 

1o qu’il soit ordonné à l’hôpital intimé de mettre en place des mécanismes visant à assurer le transfert de la « clientèle historique » de l’hôpital vers d’autres établissements de santé et, particulièrement, vers des centres de réadaptation, avec l’objectif de réintégrer dans la communauté toute personne dont l’état lui permet d’être pris en charge dans un centre de réadaptation, selon un échéancier approuvé par le tribunal ;

 

2o qu’il soit ordonné à l’hôpital intimé de créer un fonds d’intégration social d’un montant d’un million de dollars (1 000 000 $) pour favoriser l’intégration des personnes dans la communauté afin de couvrir l’ensemble des besoins (vêtements, meubles, etc.) qui ne sont pas assurés par les fonds publics ;

 

3o que, d’ici la sortie complète des résidants, il soit ordonné à l’hôpital intimé de mettre en place des mécanismes visant à assurer le contrôle de la qualité des soins et des services, le respect des droits des usagers et la transparence des activités de l’hôpital intimé, ces dits mécanismes devant être établis de concert avec la requérante, Action-Autonomie, et le mis-en-cause, le Curateur public, le tout assujetti à des rapports périodiques au tribunal afin d’éviter l’ensemble des abus dénoncés par le rapport du Curateur public et le rapport Shadley.

 

4e qu’il soit ordonné à l’Hôpital intimé de verser au co-requérant, Action Automie, la somme de 250,000 $ afin de constituer un fonds pour aider, accompagner, informer, éduquer et former les personnes du groupe sur la promotion et la défense des droits et recours.

 

Il est aussi important de faire prendre conscience aux établissements psychiatriques du Québec qu’ils doivent revoir les pratiques irrespectueuses des droits des personnes pour se conformer à la loi, particulièrement et non limitativement sur les questions :

 

-         de l’isolement et de la contention ;

-         du consentement aux soins et de la surprescription ;

-         de la prestation de services de qualité.

 

Mme Monique Desgroseilliers, curatrice privée de Mme Françoise Kelly-Desgroseilliers, s’est inscrite comme requérante et le groupe Action-Autonomie, collectif de défense des droits en santé mentale de Montréal, s’est inscrit comme co-requérant.  Les parties requérantes sont représentées par Me Jean-Pierre Ménard.

 

Un peu d’histoire

 

Les pratiques inacceptables de l’HRDP sont connues publiquement depuis la parution du rapport Shadley en 1985 et la situation des patients est demeurée la même depuis tout ce temps.  Rappelons aussi qu’en janvier 1999 un rapport dévastateur du Curateur public du Québec dénonçait de nombreuses atteintes aux droits fondamentaux à l’HRDP et affirmait que les personnes hospitalisées n’y recevaient pas les services que la loi leurs donne le droit de recevoir.  Le Curateur public du Québec a donc été inscrit comme mis-en-cause dans la requête.

 

 

 

L’Association des groupes d’intervention en défense de droits en santé mentale du Québec (AGIDD-SMQ) n’avait plus le choix. Suite à plusieurs interventions et démarches réalisées, devant le constat d’échec des différents leviers qui aurait pu redresser la situation, l’AGIDD-SMQ envisagea cet ultime recours.  C’est pourquoi elle a mandaté, en août dernier, Me Jean-Pierre Ménard de rédiger une demande au fonds d’aide aux recours collectifs. Ces derniers ont acquiescé positivement à la requête le 20 septembre 2000 permettant ainsi de poursuivre et d’introduire officiellement la requête en autorisation d’un recours collectifs.

 

L’AGIDD-SMQ ne pouvait plus demeurer silencieuse devant le manque de volonté politique du Ministère de la santé et des services sociaux à agir dans ce dossier pour faire respecter les droits des personnes édictés dans sa propre législation. Cette situation intolérable qui perdure et perdure malgré toutes les dénonciations qui jalonnent l’Histoire interpellait directement notre mandat pro-actif en promotion et défense des droits des personnes vulnérables et incapables d’exercer eux-mêmes les recours. 

 

Quel est l’avenir de cet établissement qui n’a jamais su adapter ses services aux personnes qui y étaient et qui y sont hospitalisées ?  Devant les soins inadéquats et abusifs qui y sont prodigués et un mouvement de désinstitutionnalisation de plus en plus important, la fermeture de cette institution négligente et dépassée et le transfert de ses budgets vers la communauté deviennent imminents pour assurer le respect des droits des personnes vivant ou ayant vécu des problèmes de santé mentale et les services dont ils ont réellement besoins. 

 

 

 

 

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Source :

Mario Bousquet, coordonnateur

Association des groupes d’intervention en défense de droits en santé mentale du Québec

(514) 523-3443

(514) 781-0140

Pierre-Antoine Baril, coordonnateur

Action Autonomie, le Collectif de défense des droits en santé mentale de Montréal

(514) 525-5060